Le poste de travail numérique des agents du secteur public français constitue l’un des gros chantiers de la Direction Interministériel du Numérique (DINUM), a expliqué Nadi Bou Hanna, directeur interministériel du numérique, dans un entretien. La crise du Covid-19 ayant exacerbé les besoins en télétravail et donc en mobilité, l’IT de l’Etat, notamment à travers son vaste programme TECH.GOUV, entend s’attaquer à ce difficile problème – qui n’est d’ailleurs pas qu’un sujet du secteur public – à travers plusieurs initiatives.
Présenté en avril 2019, TECH.GOUV a pour ambition d’accélérer la transformation numérique du service public à travers plusieurs missions et un plan d’actions interministérielles. Selon la DINUM, TECH.GOUV se repose sur 3 piliers-maîtres : la donnée, l’innovation et les systèmes d’informations. « Le contexte de crise a mis en lumière les forces de l’infrastructure numérique de l’État, mais aussi leurs faiblesses. C’est l’objectif du programme TECH.GOUV d’y pallier », résume ainsi Nadi Bou Hanna dans ce même entretien.
Ubiquité de l’outillage
Parmi les projets de TECH.GOUV mis en avant par la DINUM dans son entretien, celui de sac à dos numérique de l’agent public (SNAP). Celui-ci fait ainsi partie de la mission « Infra ». SNAP doit faciliter l’accès par les agents de l’Etat à un bouquet de services et d’outils numériques, que ce soit en situation de mobilité ou en présentiel. « La promesse de SNAP, c’est le travail en communautés professionnelles au sein de l’État, le partage de documents, la co-construction de décisions, la tenue de réunions virtuelles et hybrides en présentiel, audioconférence et visioconférence, l’accès à des bouquets de services thématiques selon les métiers des agents publics », souligne le directeur de la DINUM. Le BYOD (Bring Your Own Device), qui consiste à utiliser son terminal mobile personnel dans un contexte professionnel, constitue également une piste explorée dans le cadre de SNAP.
Ce projet SNAP illustre aussi la volonté de l’IT étatique de décloisonner aussi bien les systèmes que les données et d’installer une transversalité globale entre institutions et services.
Et authentification transversale
Logiquement, l’autre pièce maîtresse de la transformation de l’outillage numérique des agents est l’authentification. A ce sujet, Nadi Bou Hanna fait mention du projet AgentConnect (de la mission IDNUM de TECH.GOUV). Inspiré de FranceConnect (centré quant à lui sur l’authentification Web des citoyens), AgentConnect a pour ambition d’apporter un identifiant unique à chaque agent, qu’il pourra utiliser pour accéder et se connecter à ses applications en ligne. « Démarré en juin 2020 dans le cadre de TECH.GOUV, cet outil favorisera l’instruction partagée de dossier entre systèmes divers, ce qui grâce à une gestion optimisée profitera aussi aux usagers », commente encore le directeur interministériel du numérique. Ce projet devrait être généralisé en 2021-2022.
Ce dispositif confirme ce que teknowlogy group avait pu rencontrer sur le terrain. La transformation des environnements de travail des agents « se faisait lentement dans de nombreux services, mais à la suite de la pandémie Covid-19, il est devenu essentiel de fournir des outils pour l’environnement de travail numérique (ordinateurs portables, logiciels de collaboration, VPN, vidéoconférence sécurisée) », écrivons-nous dans le document « Secteur Public – analyse du marché IT en France », publié sur le plateforme Myteknow. Toutefois, « il faut pour cela renforcer l’infrastructure du réseau, notamment pour prendre en charge la voix sur IP et l’accès à distance sécurisé et résilient aux systèmes d’information, pour connecter les personnes qui ne le sont pas encore et les équiper de matériel numérique et de logiciels », poursuit ce même document.
Transformer l’environnement de travail, un sujet pour toutes les entreprises
L’environnement de travail et l’accès sécurisé aux données, applications, infrastructure et services de l’entreprise sont également des thèmes qui se sont retrouvés au cœur des préoccupations des entreprises lors de la crise COVID-19. Si le travail à distance était une composante déjà bien en place, peu d’organisations étaient en revanche prêtes à le vivre à l’échelle de leur écosystème. Cela les a poussées à réinventer à la fois l’outillage numérique, leurs méthodologies et leur organisation.
Si la priorité n°1 est de maintenir en effet la productivité, l’effet collatéral est de garantir une sécurité maximale des accès au réseau et aux applications. Cela a nécessité, d’une part, de mettre à jour des politiques de sécurité bien établies, mais d’autre part, de trouver le précieux équilibre entre un contrôle radical et une liberté « surveillée » des accès et des usages. Le BYOD s’est, avec la crise, inévitablement imposé.
Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, révèle le document « Recommandations : adapter son environnement de travail à l’après-crise » de Myteknow. Parmi les autres enjeux liés à cette crise, on retrouve également la maturité des employés face aux outils numériques.
Des employés qui se sont retrouvés chez eux, parfois sans connaissances avancées des outils de communications et de collaboration, indispensables en ces temps d’isolement professionnels. Cela représente une énième contrainte pour les entreprises. « Il est essentiel que les entreprises examinent comment, dans la mesure du possible, elles peuvent utiliser le libre-service, en créant des bibliothèques de supports vidéo facilement accessibles pour les aider à utiliser ces outils de manière productive et sûre », recommande teknowlogy dans ce même document.